Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/244

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lui et lui porter un défi. Nous verrons bien lequel de nous deux sera le plus fin.

Bilz eut vent, de quelque manière, des projets du châtelain du Kerouez, et il se prépara à soutenir la lutte avec lui, sans grande inquiétude sur le résultat, car il connaissait bien son homme. Il dit donc à sa mère :

— Aujourd’hui, le seigneur du Kerouez viendra ici me demander…

— Jésus, mon fils, tu es perdu, si le seigneur du Kerouez est contre toi ! interrompit la vieille.

— Ne craignez rien, ma mère, et écoutez bien ce que je vais vous dire, reprit Bilz. Le seigneur du Kerouez viendra donc me demander, aujourd’hui même. Je me cacherai dans cette vieille barrique défoncée que voilà, au bas de la maison, et quand il me demandera, vous lui direz que je suis absent et que vous ne savez pas où je suis allé. Du fond de ma barrique, j’entendrai tout ce qu’il dira. Ayez toujours les yeux tournés de ce côté et, quoiqu’il puisse vous dire ou vous demander, si vous voyez mon doigt au trou de la bonde, dites toujours oui et ne craignez rien.

La vieille promit de faire ce que lui dit son fils.

VI

Le seigneur arriva, dans l’après-midi. Bilz était dans sa barrique. Le seigneur demanda à la vieille :