Page:Ménard - Poèmes et Rèveries d’un paien mistique, 1895.djvu/124

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VERS D’ALBUM


A Théodore de Banville.


Je déclare, soutiens, certifie et proclame
Envers et contre tous, maintenant et toujours,
Q’il n’est pas d’ètre au monde eureus come la fame.
Pour èle nos respects, nos égards, nos amours,
On la fète, on lui fait des jours d’or et de soie,
On la flate, on l’encense, on l’adule, on la choie,

On lui parle à genous, on lui cède le pas.
Qe Monsieur se démène à la Bourse, à la Chambre,
Madame peut chanter, dormir, croiser les bras
Ou lire des romans de janvier à décembre.
Èle parle ? On écoute, on admire, on sourit,
Ses moindres mots sont pleins de finesse et d’esprit.

Autour d’èle, des flots d’adorateurs mistiqes
Se pressent chaqe jour, èle n’a q’à choisir.
Et pour récompenser leurs ardeurs extatiqes,
Ils ne demandent rien qe l’idéal plaisir,
Ah grand Dieu, de baiser un gant de sa main blanche
Ou d’étreindre en valsant son frèle corps qi penche.

Èle résiste aus uns, on vante sa vertu.
Mais pour peu q’èle cède à son premier caprice,
Ah ! sans doute èle avait bien longtemps combatu,