Page:Ménard - Poèmes et Rèveries d’un paien mistique, 1895.djvu/216

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ALASTOR.


Le découragement, la fatigue et l’ennui
Me saisissent, devant l’implacable puissance
Des choses : loi, destin, hasard ou providence,
Qelq’un m’écrase, et moi, je ne puis rien sur lui.

Peut-ètre les Démons de ceus à qi j’ai nui
Autrefois, qelqe part, dans une autre existence,
Invisibles dans l’air, m’entourent en silence,
Et du mal qe j’ai fait se vengent aujourd’hui.

Qèle qe soit leur foree et qel qe soit leur nombre,
Je voudrais bien les voir face à face ; il est temps
Qe mon mauvais destin prène un corps, je l’atends ;

Mais je ne puis toujours luter ainsi dans l’ombre,
Et s’il faut qe j’expie, au moins je veus, pareil
Au fier Aias, combatre et mourir au soleil.