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LE PETIT SALON

1876




L’OUVERTURE DU SALON


C’est aujourd’hui spectacle et c’est une première !
Seulement ce n’est pas le soir, ni la lumière
Du gaz qui fait valoir la scène et le décor,
Mais le soleil de Mai charmant et pâle encor.
Les grands salons sont peints de nymphes peu vêtues,
Les massifs du jardin blanchissent de statues,
Et rien n’est plus joli que toutes ces couleurs,
Ces groupes sur les murs, ces gestes dans les fleurs,
Ces tons clairs et précis ou ces notes voilées
Dans un vogue lointain de salles et d’allées.

Devant un bon tableau dont on connaît l’auteur
La foule est immobile, ou passe avec lenteur :
Et l’on dirait aussi quelque fête choisie
Ou l’on est habillé selon sa fantaisie,
Sans la mise uniforme et le triste habit noir.
Les femmes qui s’en vont souriantes, sans voir.
Marquant un nom d’un trait délicat ou facile,
Portent tout simplement la toilette de ville,
Cette toilette fraîche et frêle que l’été
Fait encore plus belle en sa légèreté,
Si savante, malgré sa façon ingénue,
Que le velours tenant sur une épaule nue
Si peu, dans un hasard de chute qu’on attend,
N’a rien de moins sévère ou de plus irritant.
L’étoffe modelée à la courbe des hanches
Est une trahison sous les dentelles blanches ;