Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/314

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coolies qui vont s’engager pour les Bermudes ou quelques autres îles d’Amérique. La famine multiplie les demandes d’engagement. Et je m’aperçois que je ne vous ai pas encore parlé de la famine. C’est là cependant un sujet sur lequel je ne tarirais pas, non plus que sur la misère qu’engendre le fléau du Coromandel. Voici cinq années que toutes les récoltes sèchent sur pied, faute de pluie. Tandis que, il y a un mois, je voyais, dans le Malabar, le pays fondre sous l’eau du ciel, ici tout meurt brûlé par le soleil, et les étangs sont taris. Aussi le peuple des campagnes, chassé par la faim, abandonne-t-il ses tristes pénates. Mieux vaut émigrer aux Antilles ou aux Mascareignes, avec femme et enfants, sous la garantie d’un contrat officiel, que de mourir d’inanition au tournant d’un chemin et d’avoir pour sépulture la panse du chacal. Ce sera donc à la famine et à l’embauchage des coolies émigrants que je consacrerai ma prochaine lettre. Aussi bien je quitterai Vellore aujourd’hui même, et aurai tout le temps de vous écrire pendant le classique arrêt de Villapouram…