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GUILLAUME COLLETET


Bien que les neuf beautés des rives d’Hippocrène
Exaltent la vertu des eaux de leur fontaine,
Les fines qu’elles sont ne s’en abreuvent pas ;

Là, sous des lauriers verts, ou plutôt sous des treilles,
Les tonneaux de vin grec échauffent leurs repas,
Et l’eau n’y rafraîchit que le cul des bouteilles.


Rodomontade amoureuse


CLAUDINE, avec le temps tes grâces passeront,
Ton jeune teint perdra sa pourpre et son ivoire ;
Le ciel, qui te fit blonde, un jour te verra noire,
Et, comme je languis, tes beaux yeux languiront.

Ceux que tu traites mal te persécuteront,
Ils riront de l’orgueil qui t’en fait tant accroire ;
Ils n’auront plus d’amour, tu n’auras plus de gloire ;
Tu mourras, et mes vers jamais ne périront.

Ô cruelle à mes vœux, ou plutôt à toi-même,
Veux-tu forcer des ans la puissance suprême,
Et te survivre encore au delà du tombeau ?

Que ta douceur m’oblige à faire ton image,
Et les ans douteront qui parut le plus beau,
  Ou mon esprit, ou ton visage.


Sur la Naissance de Notre-Seigneur


QUI vit jamais au monde un miracle pareil ?
Un Dieu s’assujettit aux lois de la Nature,
Le Créateur de tout nait de sa créature,
Et la lumière sort des ombres du sommeil !

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