Page:Marie de Compiègne - L’évangile aux femmes.djvu/80

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être le résumé des sept autres. L’auteur, sous le nom du chevalier Mandevie, passe en revue dans un songe toutes les conditions humaines, et poursuit de sa verve satirique les papes, les rois, les moines, les prêtres et les artisans, sans oublier personne. C’est là une de ces satires inspirées par le Roman du Renart, qui au xiiie siècle, sous une forme plus voilée, donna le signal de la révolte contre les institutions féodales.

La Croix du Maine attribue aussi à Jean Durpain un autre ouvrage intitulé L’Évangile aux femmes, composé en vers alexandrins de douze syllabes. Le président Fauchet le cite aussi[1] en l’attribuant au. même auteur, et le trouve assez bien fait et plaisant. Il commence, dit-il, ainsi : L’euvangile des femmes vous weil cy recorder, et finit ainsi : ces vers Jehans Durpain, un moine de Vaucelles, a fait soutillement. On voit que Fauchet s’en est rapporté à son manuscrit, qui en effet commence ainsi, et dans lequel le couplet final, ainsi que dans le ms. B, est celui-ci, avec quelques variantes légères dans le ms. B :

Ces vers Jehans Durpains, un moine de Vaucelles,
A fait soutillement, les rimes en sont belles.
Femmes, priez pour lui, dames et demoiselles,
Quar par vous sera s’ame mise entre deux foisselles.

Certes, la signature est claire, et tout, jusqu’au trait satirique qui le termine, nous prouve que Jehan Durpain a bien écrit ce couplet ; il a sans doute aussi écrit celui-ci (B. XV), qui ne se rencontre que dans le manuscrit B :

Couvens de Cantimpré, je di bien et tesmoingne :
Pesiblement vivez : n’est mestier c’on vous poingne.
Mestre Ysabiaus i est ; quanques puet du nez froingne,
Dont n’i a si hardye qui forment nel resoingne.

On sent ici le moine, et le moine proche parent du frère

  1. Recueil de l’origine de la langue et poésie française.