Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/508

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dorante.

Mais du chevalier, qui vous a quittée et qui l’aime, qu’en ferons-nous ? Lui laisserons-nous le temps d’être aimé de la comtesse ?

La Marquise.

Si la comtesse croit l’aimer, elle se trompe ; elle n’a voulu que me l’enlever. Si elle croit ne vous plus aimer, elle se trompe encore ; il n’y a que sa coquetterie qui vous néglige.

Dorante.

Cela se pourrait bien.

La Marquise.

Je connais mon sexe ; laissez-moi faire. Voici comment il faut s’y prendre… Mais on vient ; remettons à concerter ce que j’imagine.



Scène IX

ARLEQUIN, DORANTE, LA MARQUISE.
Arlequin.

Ah ! que je souffre !

Dorante.

Quoi ! ne viens-tu nous interrompre que pour soupirer ? Tu n’as guère de cœur.

Arlequin.

Voilà tout ce que j’en ai. Mais il y a là-bas un coquin qui demande à parler à madame ; voulez-vous qu’il entre, ou que je le batte ?

La Marquise.

Qui est-ce donc ?