Page:Marx - Contribution à la critique de l’économie politique.djvu/102

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Mais le prix de marché de l’once d’argent dépassa son prix monétaire de 5 s. 2 d. et s’éleva à 6 s. 3 d., c’est-à-dire que, pour acheter une once d’argent brut, il fallait payer 6 s. 3 d. Comment le prix de marché d’une once d’argent pourrait-il s’élever au-dessus de son prix monétaire, si le prix monétaire n’était que le nom de compte des parties aliquotes d’une once d’argent. La solution de l’énigme était facile. Des 56.000.000 £ de monnaie d’argent circulant alors, 4 millions étaient usés, rognés, altérés. Une expérience qui fut faite, démontra que 5.700 £ en argent, qui auraient dû peser 220.000 onces, ne pesaient que 141.000 onces. La Monnaie continuait de frapper suivant le même étalon, mais les shillings légers qui circulaient réellement représentaient des parties aliquotes de l’once plus petites que celles qu’indiquait leur nom. Il fallait donc payer sur le marché une quantité supérieure de ces shillings, devenus plus légers, pour une once d’argent brut. Quand, par suite de la perturbation ainsi produite, on se fut décidé à faire une refonte générale, Lowndes, le secretary to the treasury, déclara que la valeur de l’once d’argent ayant augmenté, on devait dorénavant la monnayer en 6 s. 3 d. et non en 5 s. 2 d. comme par le passé. Il affirmait donc en fait que parce que la valeur de l’once avait augmenté, la valeur de ses parties aliquotes avait diminué. Mais sa fausse théorie ne servait qu’à prôner un but pratique juste. Les dettes de l’État avaient été contractées en shillings légers, devait-on