Page:Marx - Contribution à la critique de l’économie politique.djvu/291

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ce qui n’est pas échangé contre de l’argent est par rapport à l’argent comme s’il n’existait pas… Lorsque le monnayage est libre, la quantité de la monnaie est réglée par la valeur du métal… L’or et l’argent sont, en réalité, des marchandises… C’est le coût de production… qui détermine la valeur de celles-ci ainsi que des produits ordinaires[1]. »

Toute la sagacité de Mill se résout en une série de suppositions aussi arbitraires qu’absurdes. Il veut démontrer que les prix des marchandises ou la valeur de la monnaie est déterminé par « la quantité totale de la monnaie existant dans un pays ». Si l’on suppose que la masse et la valeur d’échange des marchandises restent les mêmes, ainsi que la vitesse de la circulation et la valeur des métaux précieux déterminée par les frais de production, et si l’on suppose, en même temps, que néanmoins la quantité de la monnaie métallique circulante s’élève ou s’abaisse proportionnellement à la masse de monnaie existant dans un pays, il devient en effet « évident » que l’on a supposé qu’on prétendait démontrer. D’ailleurs, Mill commet la même erreur que Hume, en faisant circuler des valeurs d’usage et non des marchandises d’une valeur d’échange donnée, et c’est pourquoi sa proposition est fausse alors même qu’on lui concède toutes ses « suppositions ». La vitesse de la circulation peut rester la même, ainsi que la valeur des

  1. Loc. cit., p. 128-136 passim.