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forme spéciale que donne aux marchandises leur valeur d’échange est transformée en noms monétaires dans lesquels elles s’entredisent ce qu’elles valent. La monnaie de son côté devient monnaie de compte[1].

La transformation de la marchandise en monnaie de compte dans le cerveau, dans la langue, sur le papier, s’opère chaque fois qu’un genre quelconque de richesse est fixé sous le point de vue de la valeur d’échange[2]. Cette transformation exige la matière de l’or, mais seulement comme matière figurée. Pour estimer la valeur de 1.000 ballots de coton dans un nombre déterminé d’onces d’or et pour exprimer ensuite ce nombre d’onces dans les noms de compte de l’once, en £. s. d., il n’est point besoin d’un atome d’or réel. Avant le Bank-Act (1845) de Sir Robert Peel, il ne circulait pas en Écosse une once d’or, quoique l’once d’or, et encore exprimée comme étalon de compte anglais en 3 £ 17 s. 10 1/2 d., servit de mesure légale des prix. C’est ainsi que l’argent sert de mesure des prix

  1. « Ἀνάχαρσις, πυνθανομένου τινὸς, πρὸς τὶ οἱ Ἕλληνες χρῶνται τῷ ἀργυρίῳ, εἰπε πρὸς τὸ ἀριθμεῖν » (Athen. Deipn. l. IV, 49, v. 2. éd. Schweighäuser, 1802). (Comme on demandait à Anacharsis de quel usage était l’argent chez les Grecs, il répondit : ils s’en servent pour compter).
  2. G. Garnier, un des premiers traducteurs français d’Adam Smith a eu la singulière idée d’établir une proportion entre l’usage de la monnaie de compte et l’usage de la monnaie réelle. La proportion est 10 à 1. G. Garnier, Histoire de la monnaie depuis la plus haute antiquité, etc., t. I, p. 78.