Page:Marx - Salaires, prix, profits.djvu/56

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perdrait non moins constamment comme acheteur. Qu’on n’aille pas dire qu’il y a des gens qui sont acheteurs sans être vendeurs, ou consommateurs sans être producteurs. Ce que ces gens-là paient aux producteurs, il faut d’abord que ceux-ci le leur donnent pour rien. Si un homme commence par vous prendre votre argent, puis vous le rend en payant l’achat de vos marchandises, jamais vous n’arriverez à vous enrichir en les lui vendant très cher. Ce genre d’opération pourrait bien diminuer une perte, mais il ne ferait jamais réaliser un profit.

Ainsi donc, pour expliquer la nature générale des profits, il faut partir du principe que : en moyenne, les marchandises se vendent à leurs valeurs réelles, et que : les profits viennent de ce qu’elles se vendent ainsi, c’est-à-dire proportionnellement à la quantité de travail qu’elles contiennent. Si l’on ne peut expliquer le profit en partant de là, alors on ne peut pas l’expliquer du tout.

Cela a l’air d’un paradoxe contraire à l’observation de tous les jours. C’était aussi un paradoxe de dire que la terre tourne autour du soleil et que l’eau se compose de deux gaz extrêmement inflammables. La vérité scientifique est toujours un paradoxe, au jugement de l’expérience journalière, qui ne saisit que l’apparence trompeuse des choses.