Page:Marx - Salaires, prix, profits.djvu/85

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sai sur le Commerce. L’auteur anonyme, ennemi déclaré de la classe ouvrière, se livre à toutes sortes de déclamations sur la nécessité d’étendre les limites de la journée de travail. Entre autres moyens d’arriver à ce but, il propose des maisons de travail (working houses), qui, dit-il, devront être des « maisons de terreur ». Et savez-vous quelle est la longueur de la journée de travail qu’il recommande pour ces maisons de terreur ? Douze heures, tout juste la durée que, en 1832, capitalistes, économistes, et ministres, déclaraient devoir être la durée de travail non seulement existante, mais nécessaire, pour un enfant au-dessous de douze ans.

En vendant sa force de travail, — et il ne peut faire autrement sous le régime actuel, — l’ouvrier transfère le droit qu’il a lui-même de la consommer au capitaliste, mais le droit de la consommer dans des limites raisonnables. Il vend sa force de travail pour la conserver, en dehors des causes naturelles d’usure et de détérioration, et non pour la détruire. Au moment où il vend cette force à sa valeur journalière ou hebdomadaire, il est entendu que, en un seul jour ou en une seule semaine, elle ne sera pas soumise à deux jours ou à deux semaines d’usure et de déperdition. Prenez une machine valant 1,000 livres sterling. Si elle s’use en dix ans, elle ajoutera à la valeur des marchandises qu’elle aide à produire 100 livres sterling par an. Si elle s’usait en cinq ans, elle y ajouterait 200 livres sterling par an, soit la valeur de son usure annuelle en raison inverse de la rapidité avec laquelle elle se consomme. Mais voici ce qui distingue l’ouvrier de la machine,