Page:Marx - Salaires, prix, profits.djvu/87

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grande quantité de travail et à l’usure plus rapide, qui en résulterait, de la force de travail. Cela peut arriver encore d’une autre manière. Les statisticiens bourgeois vous diront, par exemple, que dans le comté de Lancaster le salaire moyen des ouvriers de fabrique et de leurs familles a augmenté. Ils oublient qu’au lieu du seul travail des hommes, le chef de la famille, sa femme et peut-être trois ou quatre de ses enfants sont aujourd’hui jetés sous les roues du Jaggernaut capitaliste, et que la hausse du salaire collectif ne correspond pas au surtravail collectif extrait à la famille.

Même avec des limites déterminées de la journée de travail, telles qu’elles existent aujourd’hui dans toutes les branches d’industrie soumises aux lois de fabriques, une élévation de salaires peut devenir nécessaire, ne fût-ce que pour maintenir la valeur du travail à son ancien niveau. En augmentant l’intensité du travail, on peut faire qu’un homme dépense autant de force vitale en une heure qu’il en dépensait précédemment en deux. C’est ce qui a été effectué, jusqu’à un certain point, dans les industries soumises aux lois de fabriques, par l’accroissement de la vitesse de la machinerie, et du nombre de machines fonctionnant sous la surveillance d’un seul individu. Si l’augmentation d’intensité dans le travail, si la somme de travail effectué en une heure reste à peu près proportionnelle à la diminution dans la longueur de la journée de travail, c’est encore l’ouvrier qui y gagnera. Mais si cette limite est dépassée, il perd sous une forme ce qu’il a gagné sous une autre, et dix heures de travail peuvent devenir alors aussi ruineuses