Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, I.djvu/86

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pliquer l’indifférence que leur montre le peuple, et qui est la conséquence inévitable de leur propre tiédeur[1], insistent à attaquer sans cesse M. O’Connor comme le seul obstacle d’une réunion des partis chartiste et radical. Il suffirait donc que l’organisation de la Société terrienne fût l’ouvrage de M. O’Connor, pour faire retomber sur elle toute la haine des bourgeois plus ou moins radicaux. D’abord, ils l’ignorèrent ; quand la conspiration du silence ne fut plus tenable, ils s’attachèrent à prouver que la société était organisée de manière à finir inévitablement par la banqueroute la plus scandaleuse[2] ; enfin, quand ce moyen n’empêcha pas la société de prospérer, ils revinrent à la tactique que, depuis dix ans, ils n’ont pas cessé d’appliquer, et toujours sans le moindre succès, contre M. O’Connor.

Ils cherchèrent à rendre suspect son caractère, à disputer son désintéressement, à détruire le droit, auquel il prétendait, de s’appeler le gérant incorruptible et non salarié des ouvriers. Lorsque donc M. O’Connor, il y a quel-

  1. Engels avait, très fortement marqué dans son livre (p. 237) cette « manière soporifique » des journaux radicaux, qui, après que Sturge, en 1843, eut rompu avec les hommes de la « force physique », restèrent indifférents à toutes les motions proprement ouvrières, au bill de la journée de dix heures, etc., et, dans toutes les collisions, se joignirent aux libéraux contre les chartistes.
  2. La Société fit faillite réellement à la fin de 1847, mais faute d’actionnaires et par la résistance hostile des trade-unions conservatrices, qui interdirent à leurs trésoriers de confier des fonds à la société et retirèrent les fonds déjà déposés.