Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, I.djvu/94

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bureaucratie appuyée par les monarchies absolutistes de l’Autriche et de la Russie.

La harangue burlesque du roi de Prusse à l’ouverture de la Diète, la clôture piteuse de ses opérations, sa faiblesse qui ne put arracher aucune concession sérieuse à la couronne, tout a concouru à augmenter le nombre de ceux qui sont convaincus que l’Allemagne ne peut sortir de la domination policière et absolutiste qu’en arborant la bannière d’une opposition énergique et décidée.

Jadis on dansait à Paris sur un volcan ; je puis vous assurer que de graves événements se préparent en Allemagne, et que cet air si lourd qui pèse sur nous annonce l’approche de l’orage. L’Allemagne se prépare à la lutte. Aussi chaque jour les gouvernements exercent-ils de nouvelles persécutions contre les ouvriers, voire même contre les sociétés de chant ; partout la mauvaise conscience de nos despotes voit des ennemis soulevés contre leur tyrannie.

Ne croyez point, Monsieur, que la coterie gallophobe exerce encore de l’influence chez nous. Les hommes tels que Arndt, Dahn, etc., n’ont plus d’action sur le peuple ni sur la jeunesse de nos universités. Ces hommes avaient autrefois du talent et de l’énergie, mais leur temps est passé. La Gazette allemande de Bruxelles a tort de revenir si souvent sur leur compte, bien qu’elle les bafoue impitoyablement. Elle devrait quelque respect aux morts[1], car le ridicule a

  1. Phrase ironique, cela va sans dire, puisque ces personnages étaient bien vivants.