Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/21

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langue, et obligé pour ne pas rompre tout à fait avec des passions qui m’ont été fatales d’ailleurs, de faire à Alger un voyage de quelques jours, de temps en temps.

J’avais acheté cette ferme, ce bordj, ancien poste fortifié, à quelques centaines de mètres du campement indigène dont j’emploie les hommes à mes cultures. Dans cette tribu, fraction des Oulad-Taadja, je choisis en arrivant, pour mon service particulier, un grand garçon, celui que vous venez de voir, Mohammed ben Lam’har, qui me fut bientôt extrêmement dévoué. Comme il ne voulait pas coucher dans une maison dont il n’avait point l’habitude, il dressa sa tente à quelques pas de la porte, afin que je pusse l’appeler de ma fenêtre.

Ma vie, vous la devinez ? Tout le jour, je suivais les défrichements et les plantations, je chassais un peu, j’allais dîner avec les