Page:Maupassant - Le Horla.djvu/190

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générations de rustres. Les odeurs des champs venaient aussi, poussées par la brise cuisante, odeurs des herbes, des blés, des feuilles, brûlés sous la chaleur de midi. Les sauterelles s’égosillaient, emplissaient la campagne d’un crépitement clair, pareil au bruit des criquets de bois qu’on vend aux enfants dans les foires.

Le médecin, élevant la voix, disait :

— Honoré, vous ne pouvez pas laisser votre mère toute seule dans cet état-là. Elle passera d’un moment à l’autre !

Et le paysan, désolé, répétait :

— Faut pourtant que j’rentre mon blé ; v’là trop longtemps qu’il est à terre. L’temps est bon, justement. Qué qu’ t’en dis, ma mé ?

Et la vieille mourante, tenaillée encore par l’avarice normande, faisait « oui » de l’œil et du front, engageait son fils à