Page:Maupassant - Le Horla.djvu/256

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grette, oh ! oui, on regrette ! Songez donc que, pendant vingt ans, j’aurais pu aller cueillir des baisers dans les bois, comme les autres, comme les autres femmes. Je songeais comme c’est bon d’être couché sous les feuilles en aimant quelqu’un ! Et j’y pensais tous les jours, toutes les nuits ! Je rêvais de clairs de lune sur l’eau jusqu’à avoir envie de me noyer.

« Je n’osais pas parler de ça à M. Beaurain dans les premiers temps. Je savais bien qu’il se moquerait de moi et qu’il me renverrait vendre mon fil et mes aiguilles ! Et puis, à vrai dire, M. Beaurain ne me disait plus grand chose ; mais en me regardant dans ma glace, je comprenais bien aussi que je ne disais plus rien à personne, moi !

« Donc, je me décidai et je lui proposai une partie de campagne au pays où nous nous étions connus. Il accepta sans dé-