Page:Maupassant - Le Horla.djvu/309

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meur ; mais il n’eût point osé s’abandonner ainsi à son penchant en présence du vieux guide toujours ardent et matinal.

Il déjeuna lentement avec Sam, qui passait aussi ses jours et ses nuits à dormir devant le feu ; puis il se sentit triste, effrayé même de la solitude, et saisi par le besoin de la partie de cartes quotidienne, comme on l’est par le désir d’une habitude invincible.

Alors il sortit pour aller au-devant de son compagnon qui devait rentrer à quatre heures.

La neige avait nivelé toute la profonde vallée, comblant les crevasses, effaçant les deux lacs, capitonnant les rochers ; ne faisant plus, entre les sommets immenses, qu’une immense cuve blanche régulière, aveuglante et glacée.

Depuis trois semaines, Ulrich n’était plus revenu au bord de l’abîme d’où il