Page:Maupassant - Le Horla.djvu/325

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l’eau-de-vie qui tout à l’heure endormirait de nouveau sa pensée, et son souvenir, et sa terreur éperdue.

En trois semaines, il absorba toute sa provision d’alcool. Mais cette saoulerie continue ne faisait qu’assoupir son épouvante qui se réveilla plus furieuse dès qu’il lui fut impossible de la calmer. L’idée fixe alors, exaspérée par un mois d’ivresse, et grandissant sans cesse dans l’absolue solitude, s’enfonçait en lui à la façon d’une vrille. Il marchait maintenant dans sa demeure ainsi qu’une bête en cage, collant son oreille à la porte pour écouter si l’autre était là, et le défiant, à travers le mur.

Puis, dès qu’il sommeillait, vaincu par la fatigue, il entendait la voix qui le faisait bondir sur ses pieds.

Une nuit enfin, pareil aux lâches poussés à bout, il se précipita sur la porte et