Page:Maupassant - Le Horla.djvu/85

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glace pour nous abriter un peu contre le vent terrible qui précède le jour, ce vent chargé de froid qui déchire la chair comme des scies, la coupe comme des lames, la pique comme des aiguillons empoisonnés, la tord comme des tenailles, et la brûle comme du feu.

Mon cousin se frottait les mains : « Je n’ai jamais vu une gelée pareille, disait-il, nous avions déjà douze degrés sous zéro à six heures du soir. »

J’allai me jeter sur mon lit aussitôt après le repas, et je m’endormis à la lueur d’une grande flamme flambant dans ma cheminée.

À trois heures sonnantes on me réveilla. J’endossai, à mon tour, une peau de mouton et je trouvai mon cousin Karl couvert d’une fourrure d’ours. Après avoir avalé chacun deux tasses de café brûlant suivies de deux verres de fine champagne,