Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/148

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Alors Brument se met à pleurer ; ça m’attendrit. Je lui demande ce qu’il a. Il me dit : « Il me faut mille francs pour jeudi. » Là-dessus, je deviens froid, vous comprenez. Et il me propose à brûle tout le foin : « J’ te vends ma femme. »

J’étais bu, et je suis veuf. Vous comprenez, ça me remue. Je ne la connaissais point, sa femme ; mais une femme, c’est une femme, n’est-ce pas ? Je lui demande : « Combien ça que tu me la vends ? »

Il réfléchit ou bien il fait semblant. Quand on est bu, on n’est pas clair, et il me répond : « Je te la vends au mètre cube. »

Moi, ça n’ m’étonne pas, vu que j’étais autant bu que lui, et que le mètre cube ça me connaît dans mon métier. Ça fait mille litres, ça m’allait.

Seulement, le prix restait à débattre. Tout dépend de la qualité. Je lui dis : « Combien ça, le mètre cube ? »

Il me répond : « Deux mille francs. »

Je fais un saut comme un lapin, et puis je réfléchis qu’une femme ça ne doit pas mesurer