Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/161

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aimée qui fait moins lentes les heures. Il était aussi accoutumé aux gâteries matérielles de la table peut-être, à toutes les attentions qu’on ne sent pas et qui nous deviennent peu à peu indispensables. Il ne pouvait plus vivre seul. Alors, pour passer les interminables soirées, il prit l’habitude d’aller s’asseoir une heure ou deux dans une brasserie voisine. Il buvait un bock et restait là, immobile, suivant d’un œil distrait les billes du billard courant l’une après l’autre sous la fumée des pipes, écoutant sans y songer les disputes des joueurs, les discussions de ses voisins sur la politique et les éclats de rire que soulevait parfois une lourde plaisanterie à l’autre bout de la salle. Il finissait souvent par s’endormir de lassitude et d’ennui. Mais il avait au fond du cœur et au fond de la chair le besoin irrésistible d’un cœur et d’une chair de femme ; et, sans y songer, il se rapprochait un peu, chaque soir, du comptoir où trônait la caissière, une petite blonde, attiré vers elle invinciblement parce qu’elle était une femme.