Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/19

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Gisortium, Gisors. Je ne te mènerai pas visiter le campement de l’armée romaine dont les traces sont encore très visibles.

Je riais et je répondis : « Mon cher, il me semble que tu es atteint d’une maladie spéciale que tu devrais étudier, toi médecin, et qu’on appelle l’esprit de clocher. »

Il s’arrêta net : « L’esprit de clocher, mon ami, n’est pas autre chose que le patriotisme naturel. J’aime ma maison, ma ville et ma province par extension, parce que j’y trouve encore les habitudes de mon village ; mais si j’aime la frontière, si je la défends, si je me fâche quand le voisin y met le pied, c’est parce que je me sens déjà menacé dans ma maison, parce que la frontière que je ne connais pas est le chemin de ma province. Ainsi moi, je suis Normand, un vrai Normand ; eh bien, malgré ma rancune contre l’Allemand et mon désir de vengeance, je ne le déteste pas, je ne le hais pas d’instinct comme je hais l’Anglais, l’ennemi véritable, l’ennemi héréditaire, l’ennemi naturel du Nor-