Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/293

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une croûte et une paillasse. » Je pris par des rues où il y avait des femmes qui appelaient les hommes de passage. Dans ces cas-là, monsieur, on fait ce qu’on peut. Je me mis, comme elles, à inviter le monde. Mais on ne me répondait point. J’aurais voulu être morte. Ça dura bien jusqu’à minuit. Je ne savais même plus ce que je faisais. À la fin, v’là un homme qui m’écoute. Il me demande : « Ousque tu demeures ? » On devient vite rusée dans la nécessité. Je répondis : « Je ne peux pas vous mener chez moi, vu que j’habite avec maman. Mais n’y a-t-il point de maisons où l’on peut aller ? »

Il répondit : « Plus souvent que je vas dépenser vingt sous de chambre. »

Puis il réfléchit et ajouta : « Viens-t-en. Je connais un endroit tranquille ousque nous ne serons point interrompus. »

Il me fit passer un pont et puis il m’emmena au bout de la ville, dans un pré qu’était près de la rivière. Je ne pouvais pus le suivre.

Il me fit asseoir et puis il se mit à causer pour-