Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/38

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Avant de se mettre à table, le maire prit la parole. Voici son discours textuel. Je l’ai appris par cœur, car il est beau :

« Jeune homme, une femme de bien, aimée des pauvres et respectée des riches, Mme  Husson, que le pays tout entier remercie ici, par ma voix, a eu la pensée, l’heureuse et bienfaisante pensée, de fonder en cette ville un prix de vertu qui serait un précieux encouragement offert aux habitants de cette belle contrée.

« Vous êtes, jeune homme, le premier élu, le premier couronné de cette dynastie de la sagesse et de la chasteté. Votre nom restera en tête de cette liste des plus méritants ; et il faudra que votre vie, comprenez-le bien, que votre vie tout entière réponde à cet heureux commencement. Aujourd’hui, en face de cette noble femme qui récompense votre conduite, en face de ces soldats-citoyens qui ont pris les armes en votre honneur, en face de cette population émue, réunie pour vous acclamer, ou plutôt pour acclamer en vous la vertu, vous contractez l’engagement solennel