Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/56

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on tâche de découvrir la cheville ; on remarque la qualité de la main qui révélera la finesse de toutes les attaches, et la qualité de l’oreille qui indique l’origine mieux qu’un extrait de naissance toujours contestable. On s’efforce de l’entendre parler pour pénétrer la nature de son esprit, et les tendances de son cœur par les intonations de sa voix. Car le timbre et toutes les nuances de la parole montrent à un observateur expérimenté toute la contexture mystérieuse d’une âme, l’accord étant toujours parfait, bien que difficile à saisir, entre la pensée même et l’organe qui l’exprime.

Donc j’observais attentivement ma voisine, cherchant les signes, analysant ses gestes, attendant des révélations de toutes ses attitudes.

Elle ouvrit un petit sac et tira un journal. Je me frottai les mains : « Dis-moi qui tu lis, je te dirai ce que tu penses. »

Elle commença par l’article de tête, avec un petit air content et friand. Le titre de la feuille me sauta aux yeux : l’Écho de Paris. Je demeurai