Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/61

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gourmandise rentrée, avec une passion exaspérée de provinciale, avec une impatience affolée d’oiseau en cage qui regarde un bois toute la journée, de la fenêtre où il est accroché.

Elle se mit à m’interroger, en balbutiant d’angoisse ; elle voulait tout apprendre, tout, en cinq minutes. Elle savait les noms de tous les gens connus, et de beaucoup d’autres encore dont je n’avais jamais entendu parler.

– Comment est M. Gounod ? Et M. Sardou ? Oh ! monsieur, comme j’aime les pièces de M. Sardou ! Comme c’est gai, spirituel ! Chaque fois que j’en vois une, je rêve pendant huit jours ! J’ai lu aussi un livre de M. Daudet qui m’a tant plu ! Sapho, connaissez-vous ça ? Est-il joli garçon, M. Daudet ? L’avez-vous vu ? Et M. Zola, comment est-il ? Si vous saviez comme Germinal m’a fait pleurer ! Vous rappelez-vous le petit enfant qui meurt sans lumière ? Comme c’est terrible ! J’ai failli en faire une maladie. Ça n’est pas pour rire par exemple ! J’ai lu aussi un livre de M. Bourget, Cruelle énigme ! J’ai une cousine