Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/65

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trois places du coupé, toutes les trois pour moi tout seul.

Comme je montais dans la vieille voiture qui allait quitter Bastia, à la nuit tombante, le conducteur me demanda si je ne consentirais point à céder un coin à une dame.

Je demandai brusquement :

– À quelle dame ?

– À la dame d’un officier qui va à Ajaccio.

– Dites à cette personne que je lui offrirai volontiers une place.

Elle arriva, ayant passé la journée à dormir, disait-elle. Elle s’excusa, me remercia et monta.

Ce coupé était une espèce de boîte hermétiquement close et ne prenant jour que par les deux portes. Nous voici donc en tête-à-tête là dedans. La voiture allait au trot, au grand trot ; puis elle s’engagea dans la montagne. Une odeur fraîche et puissante d’herbes aromatiques entrait par les vitres baissées, cette odeur forte que la Corse répand autour d’elle, si loin que les marins la