Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/108

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chent qu’il n’y a pas plan, dit Coq d’un air menaçant.

Volard allait répliquer lorsque Barbaro, qui se tenait au pied de l’escalier, remonta rapidement comme s’il était survenu quelque chose dans l’intérieur. Cette pantomime expressive ramena immédiatement le silence parmi les conjurés.

― Pourquoi Barbaro vient-il de remonter comme cela ? dit Oudaille ; je lui trouve un drôle d’air, ce soir.

― Tu nous as répondu de lui, dit Soulès à Coq.

― Oui, j’en ai répondu, dit Coq en voyant que tous les regards se tournaient vers lui. Il est dans ma main comme voilà ce chiffon de papier, et je lui brûlerais la cervelle par-dessus le marché s’il s’avisait de nous vendre. Et, en parlant ainsi, Coq mit un pistolet sur la table. Ce geste fit faire une grimace épouvantable au docteur Gédéon, et produisit un certain froid dans l’assemblée.

― Eh bien, qu’est-ce que vous avez à me regarder de travers ? dit Barbaro qui venait de redescendre et voyait tous les yeux effrayés ou menaçants se diriger sur lui. Est-ce que je ne pourrai plus faire un pas en avant ou en arrière sans que vous croyiez que j’amène avec moi la police ? Pour peu que cela dure, je vous f… tous à la porte, ça ne me convient pas de jouer ma peau et de passer en même temps pour un mouchard.

― Quand je vous le disais, fit Coq pleinement rassuré par ce langage.

― Allons, mon vieux Barbaro, ne sois donc pas mauvais comme ça, dit Oudaille. Est-ce qu’on ne te paye pas comme il faut, dit-il en regardant Soulès, qui, quoique riche, ne passait pas pour fort généreux.

― Ah ! mais, nous n’avons pas le temps de bêtiser