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« Servez monsieur ! » était la formule employée par lui vis-à-vis des indifférents ou des mal notés.

« Un bon morceau de bœuf à M. un tel ! » indiquait un commencement de faveur.

« Un excellent morceau de bœuf à ce cher M. un tel ! » indiquait qu’on était du dernier bien.

Cette table d’hôte, véritable pandémonium de bohêmes de tout genre, réunissait une collection de types extrêmement curieux. Il venait là des étudiants en droit, des étudiants en médecine, deux ou trois avocats du dernier numéro ;

Un acteur de l’Odéon, du nom de Belgaric ;

Le peintre Marius Simon, le terrible gouailleur si redoutable pour ses sarcasmes ;

Un jeune compositeur d’une intéressante figure nommé Karl Elmerich, très lié avec Georges Raymond ;

Un auteur dramatique non joué du nom de Léon Gaupin ;

Un ancien avoué destitué, Lecardonnel ;

Un prêtre interdit qui mettait quelquefois sa soutane, nommé Ecoiffier ;

Un épicier retiré et enthousiaste des étudiants, surnommé, on ne sait pourquoi, Berg-op-Zom ;

Un médecin sans clientèle, Gédéon Mathieu ;

Un jeune Breton, fils de famille ruiné, sans profession, mais de très bonne souche, qu’on appelait le marquis ou le Chat-Botté, à cause de sa petite taille.

D’autres encore ; mais nous avons désigné les types les plus saillants.

Le père Lamoureux servait deux dîners, l’un à six heures, l’autre à sept heures, dans deux salles différentes. Le premier était destiné aux hommes d’un certain âge, aux avocats, aux employés de ministères, aux étu-