Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/40

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située dans la rue du Sommerard, à côté du musée de Cluny.

Lorsque la scission se produisit entre les deux groupes, Oudaille conduisit sa troupe fidèle à l’estaminet de la Renaissance, rue Saint-Séverin, et les deux groupes ne se réunirent plus qu’à d’assez rares intervalles pour les intérêts de la cause commune et de la démocratie. Le clan Oudaille s’était abstenu, à la même époque, d’aller prendre ses repas chez le père Lamoureux, dont l’établissement avait cessé ainsi d’être le quartier général des deux camps.

Cette situation avait fort affecté M. Lamoureux, qui voyait ainsi une partie de ses lapins lui échapper, et, grâce à des négociations fort habilement conduites par l’abbé Ecoiffier, il avait été entendu, entre les deux chefs, qu’on se réunirait tous les quinze jours chez le père Lamoureux, en signe de concorde. La paix régnait donc complètement entre les deux partis au moment où ce récit commence, et, ce jour-là même, Oudaille et Soulès suivis de leurs partisans, dînaient chez le père Lamoureux au moment où Georges Raymond entra dans la vaste et nauséabonde salle à manger no 2.

Georges Raymond n’était pas à proprement parler un habitué de la maison. Il y venait assez souvent quand sa bourse était au plus bas, et, quoiqu’il connût individuellement tous ces jeunes gens, il n’était pas enrégimenté parmi eux.

Quand il était pressé, il dînait salle no 1 ; quand il n’avait rien à faire, il dînait salle no 2 ; et, comme il arrivait le plus souvent en retard, c’est dans cette dernière salle qu’il prenait son repas, se mettant volontiers à une petite table séparée que le père Lamoureux appelait la table des pénitents. Du reste, Georges était