Page:Maurice Joly - Recherches sur l'art de parvenir - Amyot éditeur - 1868.djvu/49

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parce que le jugement est nul ; d’autres enfin qui sont parfaitement réglés dans leurs mouvements et dans leurs habitudes parce que la sphère de leurs idées n’est pas plus étendue que la cage d’un écureuil.

Ces deux dernières classes d’hommes forment l’immense majorité, le bétail à gouvernement, la chair à canon, la matière imposable, exploitable, corvéable, la force publique, l’opinion publique, etc.

DU CARACTÈRE.

On avertit qu’il ne s’agit point ici du plus ou moins de vigueur de l’âme ou de l’esprit, mais de cet ensemble de qualités et de défauts, de vices et de vertus, qui constitue chaque homme en particulier et le distingue essentiellement des autres. Ce sera encore, si l’on veut, le trait dominant qui se dégage de sa nature morale. De même qu’il y a des hommes sans volonté, il en est dont le caractère est indéterminé : c’est le genre neutre, genre varié dans son genre, car l’inépuisable variété de la nature ne s’arrête en rien.

Ce n’est pas un mince avantage que de naître avec un caractère à soi, car tous les hommes dont le naturel est en relief agissent avec plus ou moins de puissance sur les neutres ou demi-neutres ; et voici une observation qui est à retenir au point de vue de l’éducation dont il n’est pas parlé dans ce livre