Page:Maurice Joly - Son passe, son programme par lui meme - 1870.djvu/25

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j’ai vues étaient là spontanément comme moi sans autre préméditation que l’alarme répandue dans leur âme par les désastres de la patrie ;

3o Non-seulement je n’ai pas outragé M. Jules Favre ni tiré sur le général Trochu, comme l’a dit un abominable journal, mais j’ai parlé à M. Jules Favre avec respect, à M. Trochu avec déférence, et j’ai rappelé sévèrement au silence ceux qui interrompaient les explications du général Trochu ;

4o Non-seulement je n’ai ni causé ni provoqué de désordre, mais j’ai défendu les portes de la salle Saint-Jean contre l’invasion de la foule en m’arc-boutant contre une des portes ; et quand un des panneaux de cette porte vola en éclat sous les coups d’un assaillant, j’ouvris vivement, et me présentant de la poitrine aux premières colonnes, je dis : Celui qui en entrant ici commettra le moindre désordre par parole ou par geste, je le déclare indigne d’entrer dans cette maison qui est la maison du peuple ;

5o Il est vrai qu’avant l’invasion des appartements de l’Hôtel-de-Ville, remplissant le mandat qui m’avait été confié par la foule qui entourait M. Jules Simon, je dis à M. Jules Favre que ce que le peuple voulait c’était les élections municipales immédiates et la réorganisation du personnel gouvernemental. Et c’était vrai pour la foule que j’avais vue, et j’avoue que je pensais comme elle ; mais ce n’était pas un crime je pense d’avoir cette opinion, surtout de l’exprimer comme étant celle de ceux qui me déléguaient. Le gouvernement provisoire n’est vraiment légitime que depuis que trois cent mille suffrages sont venus maintenir le pouvoir dans ses mains, Jusque là il n’était qu’un fait ; maintenant il est dans le droit ;

6o Quand je suis entré dans la salle du Conseil non encore envahie, ce fut pour supplier le gouvernement provisoire de se préparer à donner une solution à la crise en présence d’une invasion imminente, dont le mugissement retentissait dans les escaliers.

7o Après l’envahissement de la salle du Conseil, je ne suis monté sur la table que pour détourner l’orage qui s’apprêtait à fondre sur la tête du gouvernement. Ma première proposition était de laisser au gouvernement quarante-huit heures pour l’installation de la commune, ma deuxième proposition se formulait en une prière au gouvernement de s’adjoindre cinq nouveaux membres à titre de garantie d’une meilleure direction des affaires publiques. Ces deux propositions, dis-je, étaient manifestement dans le but d’une conciliation, d’un atermoiement, et elles eussent probablement été acceptées par la foule si des éléments nouveaux n’eussent à ce moment pénétré dans la salle ;

8o Après le refus de ces propositions et la proclamation des membres du prétendu comité de salut public, j’ai réclamé le premier à titre de