Page:Maurice Joly - Son passe, son programme par lui meme - 1870.djvu/3

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C’est dans un bouge du dépôt de la préfecture de police que j’écris ces lignes.


Arrêté par ordre du gouvernement provisoire, dont j’ai défendu le fragile pouvoir à l’Hôtel-de-Ville, dans la journée du 31 octobre ; calomnié par d’indignes journaux qui ont publié que j’avais outragé M. Jules Favre et tiré un coup de pistolet sur le général Trochu ; accusé par le silence du gouvernement, qui n’a pas démenti ces misérables choses, qui y joint le poids d’une arrestation, il est temps que le public puisse me connaître s’il le veut.


Au milieu des longues heures de la prison, dans un taudis glacé, je prends la résolution d’écrire une courte histoire de ma vie. C’est une tâche périlleuse, mais dans la situation qui m’a été faite par de lâches ennemis, c’est encore le parti qui convient le mieux à la franchise de mon caractère.


Dépôt de la Préfecture de police, 4 novembre 1870.