Page:Maurois - Les Silences du colonel Bramble (Grasset 1918).djvu/153

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emmené. Devant l’asile, nous nous sommes trouvés coincés dans un tragique embarras de voitures, sous un bombardement violent.

Un cheval, les carotides coupées par un éclat d’obus, maintenu debout par les brancards, agonisait à côté de nous. Les conducteurs juraient. Rien à faire que d’attendre patiemment dans notre voiture, secoués par les explosions.

— Le docteur Johnson a raison, m’a dit le colonel : quiconque veut être un héros doit s’imbiber de brandy.

Puis comme une nouvelle explosion faisait trembler devant nous les débris de la ville morte : « Messiou, me dit-il, combien y avait-il donc d’habitants à Ypres avant la guerre ? »