Page:Maurois - Les Silences du colonel Bramble (Grasset 1918).djvu/164

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Au dehors tout était calme ; la pluie tombait toujours ; le chemin était un ruisseau de boue jaunâtre. Le bruit du canon semblait plus lointain, mais ce n’était qu’une illusion, car on voyait les lueurs rouges mauvaises des éclatements sur le village, en avant du château.

Quelques blessés, couverts de pansements informes, saignants, boueux, venaient lentement vers l’ambulance par petits groupes. Aurelle entra dans un petit bois de sapins ; les aiguilles mouillées lui parurent après la boue un terrain délicieux. Il entendait le tir de la batterie française tout près, mais ne pouvait la trouver. On lui avait dit : « Corne nord-est du bois ». Mais où diable était le nord-est ? Tout d’un coup le bleu d’un uniforme bougea dans les sapins. Au même instant, une pièce tira tout près de lui et, tournant à droite, il vit les artilleurs à la lisière du bois, bien abrités par des buissons épais.