Page:Maurois - Les Silences du colonel Bramble (Grasset 1918).djvu/81

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plus jolie qu’autrefois ; si vous ne l’êtes pas, toutes les girls vous assiègent.

Vous aimez la campagne ? Mais vous vivez ici dans les bois ! Vous aimez votre femme ? Mais qui donc a dit qu’il est plus facile de mourir pour la femme qu’on aime que de vivre avec elle ? Et je préfère, moi, la mitrailleuse au piano et le bavardage de mes hommes à celui des vieilles dames qui viennent prendre le thé chez mes parents. Non, Gibbons, la guerre est une époque merveilleuse.

Et levant son verre :

— Je bois au gentil Hun qui nous procure ces plaisirs !

Puis il raconta son séjour à l’hôpital de la duchesse.

— Je me croyais chez la reine des fées ; nos désirs étaient exaucés avant d’être exprimés. Quand nos fiancées venaient nous voir, on nous adossait à des coussins assortis à la couleur de nos yeux. Quinze jours avant que je