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poil des membres, à couper la crinière en brosse pour arrondir et élever l’encolure en la rouant. Il imite, au moyen de la bouse de vache ou du crottin délayé, les crottes ou guenilles qui pendent sur les fesses et le ventre des mules de bonne provenance qui ne sont pas débourrées. — Il passe légèrement une pelle incandescente sur les croupes tranchantes, en même temps qu’il coupe les poils garnissant l’origine de la queue, et fait le catogan pour élargir l’arrière train des bêtes dégingandées ; les brosse à contre-poil pour donner plus d’ampleur.

Le maquignon de bas étage teint, en tout ou en partie, les robes pour rendre un équipage similaire, au risque de s’exposer à voir fondre la nuance sous une averse. Il tripote, drogue, maquille, défigure un cheval sur lequel il veut gagner quelques pistoles. Il travaille les oreilles, souffle les salières, burine les dents, place une queue postiche, taille les sabots, mastique les seimes, donne un coup de pinceau, refait une jeunesse, farde, corrige, embellit ; mais avec un peu d’attention on peut démolir l’échafaudage, et mettre à nu les défauts que l’on voulait cacher. C’est lui aussi qui ne craint pas de vendre un cheval morveux après avoir essayé de cacher le jetage en introduisant une éponge dans un naseau, et avoir pratiqué l’églandage.

Les maquignons se font craindre des animaux les plus revêches et savent réveiller les plus paresseux pour si peu qu’ils aient séjourné dans leurs écuries. — Les uns ont reçu des châtiments, les autres des gourmandises, une forte ration d’avoine ; et les plus énergiques, comme ceux doués d’un tempérament lymphatique ont la même apparence de vigueur ; aussi dès que les portes s’ouvrent, que le marchand élève la voix, qu’il fasse signe du fouet, qu’il