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il est bon de dire que ceux-ci ne sont pas non plus à l’abri des ruses de ceux qui ne se livrent pas habituellement à ce commerce ; et sans chercher à réhabiliter complètement la mauvaise réputation des marchands de chevaux, qui, dit-on, tromperaient leur propre père, il faut convenir qu’il s’en trouve d’aussi honnêtes et d’aussi probes que dans n’importe quelle autre branche d’industrie.

Nous nous sommes servi, dans le cours de ce travail, et cela sans distinction, des mots maquignon, marchand ou vendeur, pour désigner le même personnage, car une foule de gens, auxquels la langue française, par pure courtoisie, donne le nom d’amateurs, pourraient bien eux aussi être appelés maquignons[1]. Mais tôt ou tard le mot trouvera son application dans plus d’une région sociale ; et le maquignon, lequel souffrait sans doute de se voir ainsi exceptionnellement désigné à la méfiance des acheteurs, se trouvera retombé sous la loi commune.

Ils sont tous menteurs ! tous fripons !

Tous menteurs ! Ce n’est souvent pas à eux seuls la faute ; car neuf fois sur dix l’acheteur veut un cheval sans défauts, c’est-à-dire l’impossible. Le marchand qui signalerait ses défauts, se couperait les vivres. Aussi, si on lui adresse des reproches, il répond : je vous l’ai donné pour bon, je me suis trompé comme vous, je ne suis pas dans le cheval.

Tous fripons ! Leur est-il donc si facile de tromper ? Si l’acheteur n’avait pas pour lui la garantie pour les vices rédhibitoires, et la loi qui le garde contre les manœuvres frauduleuses[2], il au-

  1. Maquignonner, user d’artifice pour faire paraître un cheval meilleur qu’il n’est (Bescherelle, dictionnaire) ; au figuré : « Se livrer à des trafics illicites. »
  2. Code civil. — Article 1146.