Page:Meilhac et Halévy - Théâtre, VII.djvu/243

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LE PRINCE.

Je sais bien, mais la raison d’État… vous ne tenez pas compte de la raison d’État…

LA MARQUISE.

Qu’est-ce que cela nous fait à nous, la raison d’État ? Nous ne savons qu’une chose, c’est que nous allons vous perdre.

TOUTES, gémissant.

Hélas ! hélas !

LE PRINCE.

Allons, allons, ne pleurez pas… on tâchera de vous consoler… (Se levant, à un page.) Qu’on cherche mon caissier, et qu’on lui dise que je veux lui parler.

Le page sort, par le fond, à droite.

TOUTES, avec empressement.

Le caissier !

Le prince se rassied.

LA DUCHESSE.

Est-elle jolie, au moins, notre future souveraine ?…

LE PRINCE.

Pas mal, pas mal !… (Il tire un portrait de sa poche) mais elle a un défaut, qui est de rappeler une personne beaucoup plus jolie qu’elle… (Regardant le portrait et le leur montrant.) Il y a trois jours, dans la montagne… je me suis trouvé en face d’une jeune fille qui avait les mêmes traits, mais qui était bien autrement vive, bien autrement originale !…

Le page rentre.

LA MARQUISE.

Où est-elle…, cette jeune fille ?

LE PRINCE.

Où elle est ? je n’en sais rien… mais j’ai donné des ordres, et j’espère bien qu’on me la retrouvera !…

Le caissier entre, par le fond, à droite ; il porte un grand livre de caisse.