Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/24

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par sa bonne lame de Tolède, où tout homme qui ne portait pas un pourpoint écarlate agrémenté de têtes de mort passait pour un philistin ; où quiconque s’appelait Louis se faisait appeler Aloysius ; où M. Auguste Maquet signait Augustus Mac-Keat ; où Pétrus Borel, — dénué de talent, d’ailleurs, s’imaginant que la lycanthropie peut suppléer au génie et banal dès qu’il n’était plus furibond, — où Pétrus Borel allait dire au bourreau de Paris : « Je désirerais, monsieur le bourreau, que vous me guillotinassiez » ; temps de fantaisie exaspérée, mais aussi d’admirable enthousiasme, contempteur fantasque à la fois et fanatique du vieux, du laid, du vulgaire, de l’étroit, de tout ce qui dans les mœurs et dans l’art était classique et convenu, temps extraordinaire en effet, qui ressemblait à la fois à un mardi gras et à une croisade ! Plusieurs des nôtres étaient si bien convaincus de vivre dans les jours romantiques qu’ils se permettaient d’avoir beaucoup de cheveux et de les porter assez longs. On ne sait pas assez quelle influence désastreuse sur la destinée d’un homme de lettres et sur l’opinion de ses contemporains peut avoir sa chevelure ! Être