Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/25

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un poète chevelu, c’est être un poète digne de tous les dédains et de toutes les railleries, dans la pensée du moins des vaudevillistes chauves et des chansonniers glabres. Cela est si vrai que la colère contre les Parnassiens s’est singulièrement ralentie depuis qu’ils ont perdu ou à peu près leur opulente toison de naguère. On commence à trouver que nous avons quelque talent à présent que nous avons beaucoup moins de cheveux et, qui sait ? — un excès en amène un autre, — on nous accordera peut-être du génie, bien à tort, lorsque nous serons chauves, d’une façon définitive.

Mais l’allure un peu capitane des néo-romantiques n’était pas le seul motif de l’injustice aujourd’hui évidente dont ils étaient l’objet. Ces poètes gênaient la prose. C’étaient des impertinents, ces nouveaux venus, absolument ignorés hier, qui prétendaient conquérir le public au respect de l’idéal et du travail persévérant, à l’amour des belles formes, des beaux vers et des belles rimes, à l’enthousiasme pour l’art sacré. En ce temps d’opérettes et de romans bâclés à la diable, on se souciait peu de la beauté et de la perfection rêvées. Mlle  Schneider s’accom-