Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/27

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nouveaux, si la critique ne les lui indiquait pas ? Est-ce qu’il pouvait acheter tous les livres à peine parus, lire tous les vers à peine écrits, en un mot faire son choix lui-même entre les vingt publications de chaque jour ? Point du tout ! Il était bien obligé de s’en rapporter à l’opinion de ceux qui avaient assumé la responsabilité d’être ses guides. Il y a, entre le public et les écrivains, le journal, comme il y a, entre le public et les auteurs dramatiques, le directeur de théâtre. Nous, les auteurs, et vous, la grande foule intelligente, nous ne pouvons pas nous mêler tout seuls et tout d’abord ; il faut que nous soyons présentés l’un à l’autre, et, en ce temps-là, ceux qui avaient la charge de ces présentations n’avaient aucune raison de faire connaître sous un jour favorable des téméraires qui, mieux appréciés, auraient pu faire ouvrir les yeux sur la bassesse et la médiocrité des choses littéraires d’alors. Remarquez bien que je ne prétends pas affirmer que tous les Parnassiens fussent admirablement doués. Qu’il y ait eu, qu’il y ait encore parmi eux des rimeurs sans haute valeur intellectuelle, je suis prêt à le reconnaître et je le dirai moi-même dans la suite de ces causeries,