Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

frère, Émile Descbamps, était resté plus célèbre ; par ses Études françaises et étrangères où on lit encore avec plaisir de pittoresques imitalions du Romancero, par ses drames timidement traduits de Shakespeare, il avait été une des lueurs douces de la farouche aurore romantique. Maintenant, il vivait à Versailles, malade sans être morose, accueillant les jeunes hommes avec une clémente courtoisie d’aïeul, les encourageant, les louant, un peu trop indulgent peut-être, par bonté profonde, non par banalité d’âme. S’il leur trouvait à tous du talent, c’était qu’il aurait tant voulu qu’ils en eussent. Certes, tout vieillissant qu’il fût, il n’avait pas renoncé aux vers : il en faisait énormément, au contraire, mais des riens, qui ne comptaient plus : des madrigaux, pour quelque belle dame de Versailles, des quatrains, en foule, qu’il offrait à ses visiteurs comme de petits bouquets de boutonnière, des épigrammes aussi, pas trop pointues ; il aimait mieux qu’elles fussent mauvaises que méchantes. Chose singulière, à mesure que sa vie se prolongeait dans ce siècle, on eût dit que son esprit s’en retournait vers le siècle précédent. Ce romantique prenait des façons Régence