Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/58

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Quand Glatigny se mettait à marcher on ne savait jamais où il s’arrêterait, tarit ses jambes dévoraient l’espace avec délices. La nuit était belle, toute pleine d’étoiles. L’idée le prit de s’en aller à la campagne. Il avait des amis qui demeuraient à deux ou trois kilomètres d’Asnières, de l’autre côté de la Seine, et qui ne demanderaient pas mieux que de lui donner l’hospitalité. Il partit, et quand il fut hors de la ville, dans la solitude et dans la fraîcheur de la nuit, il eut une heure charmante, parce qu’en marchant il récitait des sonnets aux étoiles ! Après la longue course, il fut accueilli à merveille par ses camarades de la campagne, — tout le monde accueillait bien cet homme doux et bon, — il dormit à poings fermés et se réveilla de bon matin selon son habitude. Il avait tout le temps de revenir à Paris à pied, de passer chez lui où il reprendrait les deux louis, et de les porter à l’ami de la morte avant l’heure des obsèques. En route de nouveau ! par les chemins mouillés de rosée, sans avoir pris le temps de dire adieu à ses hôtes. Après trois quarts d’heure de promenade heureuse du côté de Paris, il arriva à Asnières et se disposa à passer le pont. Mais,