Page:Mercure de France, t. 77, n° 278, 16 janvier 1909.djvu/150

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34a MKRCVKK DK PUANCK— 16 1-1909 des Musées de province. — Transport de divers musées dans des édifices laissés vacants parla loi de Séparation. — Nouvelles paieries provinciales. — Le classement des objets d’art des églises. — Un Musée Rembrandt à Amsterdam. — Encore l’affaire Tschudi. — Memento bibliographique. Le Musée du Louvre vient d’entrer en possession d’un des legs qui lui ont été faits récemment et que nous avons annoncés dans notre dernière chronique : celui de M. Charles Seguin. Ce généreux donateur avait manifesté le désir que le Louvre choisît dans ses col­ lections une série d’objets jusqu’à concurrence d*un million, à dire d’experts, ou, s ’il n’y trouvait pas l’équivalent de cette somme, recueillît dans la succession la différence en argent. Le départe­ ment des antiques et dos objets d’art du Moyen âge et de la Renais­ sance ont été les bénéficiaires de ce legs; ils ont recueilli entre autres une pelitestatuette gallo-romaine, en bronze, d’Apollon, un petit buste, en bronze, de Mercure, d ’époque romaine, une châsse et une plaque en émail cliamplevé limousin du xme siècle, une belle série d émaux peints do Limoges du xvi® siècle, puis une série de bijoux émaillés sur or du xvi8siècle, des montres en argent gravé à boîtiers d’émail peint, un bahut lyonnais, un cabinet à deux corps, travail de 1Ile-de-France, et un cabinet milanais, tous trois du xvi* siècle, des statuettes dos Saisons en ivoire signées « Belletesle, 1704 », enfin, et surtout, un superbe tapis de la Savonneriedel’époque Louis XIV et une très belle tapisserie des Gobelins de la suite de Boucher repré­ sentant Mercure et Argus. Tous ces objets sont exposés au second étage du musée, près de la salle Tiiomy-Thiéry. Leur valeur équi­ valant à peu près à la moitié delà somme offerte,la caisse des Musées nationaux recueillera donc en outre 5oo.ooo fraucs qui pourront être d’un utile secours lejour où le Louvre aurait à tenirlôteà des musées étrangers pour une acquisition exceptionnelle. Le département des objets d’art, encore, a vu s’enrichir sa collec­ tion de meubles historiques : grâce à la libéralité du nouveau minis­ tre de la Marine, M . Alfred Picard, le bureau de Colbert, une des plus belles créations du célèbre ébéniste Charles-André Boulle, est venu rejoindre dans les salles du mobilier le bureau de Choiseul et autres meublesenvoyés précédemment par les ministres de l’intérieur, de la Justice et de la Guerre (1). Encouragé par cet exemple, M . De- jean, directeur des Archives Nationales, a envoyé également au Lou­ vre un autre bureau de Boulle, qui se trouvait dans son cabinet et qui forme l’exact pendant du bureau de Colbert. Mais le plus précieux enrichissement de notre musée depuis deux mois est dû à l’acquisition qu’il vient de faire d’une admirable tôt© de femme en marbre de l’art attique, vers 460 avant J. - C ., c’est-à - dire appartenant à la période où l’art grec approche de son apogée. (1} V. MercuredeFrance du 16 août 1907, p. 346.