Page:Mercure de France, t. 77, n° 278, 16 janvier 1909.djvu/43

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LE .MASQUE DK FER être connus déjà de Foucquet, ou en tout cas* pouvaient sans danger lui être communiqués, étant donné le nombre de ceux qu’il détenaitdéjà. Foucquet d’ailleurs était condamné à mou­ rir en prison, et il mourut en effet àPignerol. On emprisonna alors ses deux valets dans la Tour d’en Bas, tout en donnant ordre, par lettre du 8 avril 1680, de dire à Lauzun : que « les nommés Eustaches d’Augers et le ditla Rivière [l’autre valet de Foucquet] ont été mis en liberté, et que vous en parliez de mesmes à tous ceux qui pourroyent vous en demander des nouvelles ». A ce propos, il n’est pas inutilede rappeler que la santé de cet Eustache d’Auger inté­ resse toujours beaucoup Louvois. Maisà partir de ce moment, iln’estplus que l’un des « habitants de la Tour d’en Bas ». Ilfaut maintenant revenir en arrière. Le 2 mai 1C79, avait été mis en sdreté à Pignerol Mattioli, né en i64o, ministre deCharles III de Mantoue, qui devait livrer CasaiàLouisXIV et trahit à la fois le roi et son maître. Suivant la coutume des prisons d’Etat — et ce fait est à retenir aussià propos du

  • valet Eustached’Auger » — on changea son nom et son état

civil (j), et il ne fut plus connu en prison que sous le nom de De Lestang; ainsi, dans la lettre du 10juillet 1680 : «A l’esgard du sieur de Lestang, j ’admire votre patience et que vous attendiez un ordre pour traiter un fripon comme il le mérite, quand il vous manque de respect.» Tout différentde Dauger, Mattioli fut en révolte ouverte, et SaintrMars ne cesse de se plaindre à Louvois de ce prison­ nier désagréable. La plupart des érudits, et surtout M. Funck Brentano avec une étrange persévérance, ont identifié Mattioli et le Masque de Fer. Je ne saurais entrer ici dans le détail des discussions. Mais il est certain que M attioli: i° n’alla pas à Exiles avec Saint-Mars, mais resta à Pignerol, où il fut d’abord enfermé avec un Jacobin fou, puis seul avec son valet; 20 Saint-Mars emmena à son nouveau poste d’Exiles, secrètement, les «deuxdela Tour d’en Bas», qui ne sont autres on couloir de sa cellule à celle de Foocqoet, et pendantplusieurs mois ils purent araserà loisir ; mais Dauger semble avoir alors aussi conservé le mutisme elle contentem ent inaltérable qui fontla joie de Saint-Mars toutes les fois qu’ilparle à Loovois 00 à Barbesieuz de « son prisonnier ». (1) De même quand Catinat, au moment d’aller occuper Casai, vint à Pignerol soi-disant comme prisonnier,il futinscrit sous le nom de De Richemond et appelé dans leslettres « votre nouveau prisonnier » (1681).