Page:Merezhkovsky - Tolstoï et Dostoïevski, la personne et l’œuvre.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

notre individualité, mais l’individualité, là où elle se manifeste avec le plus de puissance.

C’est parce que nous en sommes là que j’ai cru devoir présenter au public français le dernier livre d’un écrivain chez qui l’on trouve déjà cette force vivifiante que la critique est en voie d’acquérir. Avec mon vaillant collaborateur, M. Persky, dont la traduction de la Résurrection des Dieux de Mérejkowsky a déjà été appréciée comme elle le mérite, j’ai entrepris de traduire une autre œuvre du poète qui a voulu faire vivre la Renaissance italienne de sa grande vie universelle et éternelle. Cette nouvelle œuvre est d’un critique en même temps que d’un artiste. Si le critique décompose la nature de ses deux grands compatriotes, Tolstoï et Dostoïewsky, en ses éléments premiers, l’artiste fait de ces éléments, en partie identiques, en partie contraires, un tout vivant et agissant qui représente l’âme russe contemporaine. Dans Tolstoï, dans Dostoïewsky, cette âme, d’après lui, a pris connaissance d’elle-même, ce qui lui a valu une puissance d’action universelle. Seulement, pour ne pas perdre cette puissance, il faut que l’âme russe soit consciente jusqu’au bout, il faut qu’elle sache de quels éléments elle se compose. Et l’auteur entreprend de l’éclairer là-dessus, en étudiant avec la plus rigoureuse exactitude l’être des deux héros qui l’incarnent.